Communication plante-insectes
L'épilobe en épi (qui d'après les dernières analyses, ne serait pas un épilobe, mais appartiendrait au genre Chamerion) habite dans les zones dégagées, particulièrement en moyenne montagne. C'est une espèce dite "pionnière", une des premières à coloniser un milieu qui s'ouvre, suite à la chute d'un arbre ou un feu de forêt. Mais surtout, c'est en observant la danse des insectes autour de ses fleurs que le botaniste Christian Konrad Sprengel a imaginé la théorie de l'"entomogamie" ou comment faire l'amour via des insectes quand on est une plante.
C'est une drôle de coopération entre les plantes et les insectes qui transportent le pollen d'une fleur à l'autre en échange d'un peu de nectar, un peu de pollen. Bien entendu, l'insecte ne transporte pas le pollen volontairement, mais il est obligé de venir se frotter sur les étamines (parties mâles de la fleur) pour récolter du nectar et le pollen collant vient se fixer sur son corps... bon gré mal gré.
La plante qui est la plus à même de signaler efficacement la présence de nectar aux insectes, ici par ses couleurs vives, a donc plus de chances de voir arriver de nombreux insectes sensibles à ces couleurs, tous plein de pollen d'autres plantes de la même espèce. Et ils repartiront avec son pollen à elle vers d'autres fleurs bien colorées, ce qui maximise ses chances d'avoir une descendance nombreuse.
L'évolution de la couleur de la plante doit donc se faire en même temps que l'évolution de la sensibilité aux couleurs des insectes, chacun sélectionnant ceux qui lui sont le mieux adapté. La plante sélectionne les insectes qui voient et sont attirés par ses couleurs, l'insecte sélectionne les plantes qui arborent les signaux colorés les plus évidents et produisent le plus de sucre (d'autant qu'ils ont la capacité d'apprendre à les reconnaître au cours de leur vie). C'est ce que l'on appelle une "coévolution".